• Aéroplane

    21/06/1911 Un aéroplane du circuit européen à Peuvillers

     

    Aéroplane

     

     

    Sgt André Aristide Bobba - Né le 9 février 1893 à Paris (75) -Fils de César Bobba et d'Emilia Tourtelot - Brevet de pilote civil délivré par l'Aéroclub de France n° 309 décerné, le 7 décembre 1910 - Profession avant guerre aviateur professionnel - Service militaire dans l'aéronautique militaire à compter du 27 novembre 1913 - N'a pas passé le brevet de pilote militaire - Pilote de l'escadrille N 23 d'août 1914 au 1er décembre 1915 - Médaille Militaire - 2 citations à l'ordre de l'armée - En mission du 6 au 9 août 1915 - En mission du 7 au 12 octobre 1915 - En subsistance à l'escadrille V 110 du 18 au 29 octobre 1915 - Chevalier de la Légion d'Honneur et Croix de Guerre avec palme, le 29 octobre 1915 - RGA du 1er au 11 décembre 1915 - Stage avions rapides à l'école d'aviation militaire d'Avord du 11 décembre 1915 au 23 janvier 1916 - GDE du Plessis-Belleville du 23 janvier au 7 avril 1916 - Pilote de l'escadrille N 57 du 7 au 11 avril 1916 - Tué au combat dans les lignes ennemies dans les environs de Maucourt (55), le 11 avril 1916 - Photo Gallica mis en ligne par la Grande Bibliothèque de Franc

     

               

                Dimanche matin, à 8 h 20, les habitants de Peuvillers et des villages voisins étaient tirés de la monotonie de leurs travaux par le ronflement terrifiant d'un moteur de grande force qu'ils ne sont pas accoutumés à entendre journellement. C'était BOBBA, l'intrépide aviateur du monoplan Reb, n° 26, du Circuit européen, qui venait atterrir à 400 mètres environ du village de Peuvillers, ayant parcouru la distance Paris-Peuvillers (environ 260 kilomètres) en 1 heure 44 minutes, soit une vitesse moyenne de 150 kilomètres à l'heure.

                BOBBA atterrit adroitement, se contentant, bien qu'il fût dans les labours, de ne fausser qu'un tube des roues d'avant. Il atterrissait parce qu'il manquait d'essence et surtout, parce qu'ayant marché à une telle allure dans un brouillard épais, il ignorait totalement où il se trouvait.

                Après avoir couvert son appareil avec une bâche prêtée gracieusement par un cultivateur des environs, BOBBA vint à Damvillers, télégraphia à Reims à ses mécaniciens, se restaura et se reposa à l'hôtel Repel en les attendant.

                L'attente fut longue, car bien qu'adressée par l'aviateur à 9 h 1/2 du matin, la dépêche ne fut donnée  à Reims aux mécaniciens que vers 4 h 1/2.

                C'est durant cette longue attente que nous avons pu nous entretenir avec BOBBA, qui est d'une amabilité extrême et qui a bien voulu nous dire ses impressions:

                << Je suis parti de Paris avec cet appareil absolument neuf que je sortais pour la première fois.

                << Dès le départ, je pris une grande hauteur, que du reste, j'ai conservé pendant tout le parcours, montant parfois jusqu'à 1800 m. et me maintenant toujours au-dessus de 1000 mètres.

                << Je suivis la Marne trop longtemps, j'aurais dû la quitter à Château-Thierry, mais j'ai mis si peu de temps pour arriver au-dessus de cette ville, que j'ai cru m'être trompé dans mes repères.

                << Après Château-Thierry, un brouillard épais au-dessus duquel je planais, m'empêcha de me rétablir dans la bonne route; c'est alors que je passais entre Reims et Châlons-sur-Marne sans voir ni l'une ni l'autre de ces deux villes.

                << J'ai dû passer la Meuse au-dessus de Sivry et j'ai atterri ici faute d'essence, les 60 litres emporté à mon départ de Paris étaient épuisés. >>

                BOBBA nous dit aussi qu'il espérait repartir à Reims, l'atterrissage y étant obligatoire pour continuer la course; il nous explique très aimablement la manœuvre très intéressante de son monoplan, pendant que plus de 2000 personnes venues de toutes les communes environnantes regardent avec effroi ce petit oiseau de 8 mètres d'envergure qui avait amené là, en moins de sept quarts d'heure, un homme de Paris. On prit de nombreuses photographies sur lesquelles on pourra voir BOBBA toujours souriant, semblant peu fatigué d'une telle randonnée.

                Les mécanicien conduits par Henry Rougier, l'ancien champion des grandes courses automobilistes, arrivèrent à 8 h du soir à Damvillers. Ils se mirent immédiatement à la réparation de l'appareil et repartirent une heure après coucher à Verdun.

                C'est en foule que lundi matin, vers la << champ d'aviation >> de Peuvillers, dès trois heures, se pressaient cyclistes, piétons, voitures, autos, motocyclettes. Au moment où BOBBA arriva avec ses mécaniciens auprès de son << oiseau >>, plus de 500 personnes étaient là pour applaudir son départ. Il vérifia minutieusement l'appareil une dernière fois et après un faux départ, s'éleva gracieusement en décrivant une immense courbe au-dessus de Réville et Damvillers, pour venir passer au-dessus de nos têtes à plus de 800 mètres.

                Ce fut un spectacle à la fois terrifiant et magnifique de voir ce tout jeune homme ( le plus jeune de la course, BOBBA a 18 ans et 4 mois ) enfourcher aussi stoïquement ce frêle oiseau quelques instants après qu'un de ces mécaniciens lui eut appris les accidents mortels de la veille.

                Nous nous faisons un devoir de féliciter le brigadier de gendarmerie Bréchin de Damvillers, pour le sang-froid et l'énergie dont il a fait preuve dimanche toute la journée et surtout, lundi matin, au départ de l'aviateur. Grâce aux mesures d'ordre prudentes qu'il avait prises, il n'y eu à aucun moments l'appréhension d'un accident toujours possible. Toutes nos félicitations.

     

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                P 6B S. - BOBBA n'a pas eu de chance: il s'est de nouveau égaré et atterri à Saint-Mard-sur-le-Mont (Marne) , entre Sainte-Menehould et Revigny.

                                                                                    Texte du Journal de Montmédy, photos sur Internet